2010/08/30

Split second : Episode 1


Je me souviens de la campagne de pub pour Burnout, premier du nom, je crois, où il était question de la distance que votre voiture parcoure le temps que vous clignez de l'oeil. En gros, un clignement d'oeil durant, à peu de chose près, quelques dixièmes de secondes, la vitesse de la voiture étant de x Km/h, une règle de trois assez simple permet de savoir qu'on a parcouru n mètres pendant ce temps.

Pourquoi je parle de ça ? Parce que c'est sur ce clin d'oeil, cette distance, qu'il peut arriver un accident.
Moi, je n'avais pas cligné de l'oeil. Et pourtant, j'étais relativement fatigué. De cette fatigue que je traîne le long de la semaine, avec la promesse de pouvoir m'en acquitter le week-end venu. J'avais bu un RedBull pour me sentir un poil plus vif, et j'avais même embarqué un coca en prime (pour sa caféine).

Je roule sur la N305, je suis à droite, parce que ma Vespa 50 est un peu nase, et que je ne peux pas faire plus de 40 Km/h. Sur la gauche, loin derrière moi, un gros et long camion. Devant moi, une camionnette stationnée.
Vu la distance que me sépare de cette dernière, je n'ai pas trop envie de me mettre sur la file de gauche si tôt, pour ne pas faire chier la file de gauche, au vu de ma faible vitesse (SPOILER : J'aurais du).

Donc, à mesure que je me rapproche de cette camionnette, je regarde derrière moi, pour voir que le gros camion avance de plus en plus vite, et ne manquera sans doute pas de dépasser la camionnette en stationnement, juste avant moi. Soit. Donc je me dis "Ben tu te rapproche lentement de la camionnette, puis quand le camion passe, tu déboîté pour doubler ladite camionnette, puis tu te rabat sur la droite". Le tout en signalant largement à l'avance mes intentions avec mes clignotants.

Sauf que, ne voyant plus l'arrière du camion dans mon rétro gauche (il devait être dans mon angle mort), je me dis que j'ai la possibilité de déboîter là, maintenant, tout de suite.
Ce que je fais. Sauf que je me rend compte que le camion à 'achement ralentit (je m'attendais à me trouver, au pire, juste derrière ce dernier), et que je suis obligé d'être entre le camion, et la camionnette.

Pas grave. La camionnette n'étant pas très longue, j'en profite pour accélérer pour la remonter, et enfin me rabattre.

Je n'en eu pas le temps :
Le camion décide de se rabattre (je n'avais vraiment pas imaginé cette option), et ce, plutôt rapidement, vu qu'il n'avait même pas encore fini de dépasser "entièrement" la camionnette.
Et moi, dans tout ça, je suis pris en sandwich entre les deux, avec tout juste le temps de passer la camionnette.

Pas eu le temps. Le camion accroche, avec son arrière, mon rétroviseur gauche, assez brutalement, me faisant
 soudainement dévier vers la droite. Heureusement, pas "dans la camionnette. Mais juste devant.

Mes mains se crispent sur les freins (mauvais réflexe), je perd le contrôle, le scooter dérape, et, vu que je tentais de rééquilibrer ma trajectoire vers la gauche, ma Vespa se couche sur le flan droit.
Moi, je tente de faire mon Rémi Julienne, en lâchant le guidon, mais pas à temps.

Tout ce que je me souviens de la suite directe des évènement, c'est que je me vautre sur le trottoir, puis que je me retourne sur le dos (je ne sais comment).

Tel un pilote de chasse après un crash, allongé, je tente de me redresser légèrement  pour voir mes environs immédiats, des fois qu'il puisse y avoir pire à venir.
Puis, atteint d'une douleur fulgurante, je reste quelques secondes sur le dos, à regarder les ciel à travers mon casque.
Merde, je viens de me rendre compte que je donne un aspect sacrément dramatique à tout ça. Qu'importe, tout cela reste vrai.
Je me tord sur la gauche, et vois un homme sortir de la camionnette. Il finit de ranger quelques choses dedans.
Je le regarde, mais je ne peux pas crier. Je ne sais pas pourquoi. Mon accident n'a pas fait autant de bruit que ce que j'aurais imaginé. Il doit remarquer dans son champs de vision périphérique, quelque chose qui cloche (ou alors il comptait partir avec sa camionnette hein) et me voit, tendant une main vers lui.

Je me remet sur le dos, la douleur sonne à nouveau, et encore plus fort.Il s'approche. Ayant peur de ne pas pouvoir respirer, je m'empresse d'ôter mon casques et mes gants.
[Les dialogues qui suivent sont de mémoire, donc assez vagues]
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- ...accident...
- Vous allez bien (m'ayant sans doute vu enlever tout seul mon casque) ?
- Non....ma jambe.
J'avais la jambe gauche dans un sale état. Je concevais qu'une telle douleur pouvait être le résultat d'un genoux déboîté, et je voulais, pour le moment, encore y croire.
- Vous voulez que j'appelle les pompiers ?
- S'il vous plait...
- C'est le 18
- Oui, le 18...*gnnnn*
Oui, parce qu'à partir de là, la douleur tambourine à la porte comme un huissier trop zélé. J'en profite pour geindre, légèrement, parce que je n'aime pas ça, déjà, mais surtout parce que je sais que ça ne m’apaisera pas. J'adopte très rapidement la respiration lente et longue de la femme enceinte, parce que je constate que ça
 m'aide.

Les pompiers arriveront rapidement. Je parle un peu avec le samaritain du jour. Je vois au loin, un jeune avec un pull rayé marron claire et jaune, et, d'affreuses lunettes branchouille, de caillera de banlieue. C'est peut-etre quelqu'un de bien, je ne devrais pas me dire cela, mais j'ai mal, alors je m'en fout.

À suivre...

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