2010/09/08

Split Second : Épisode 2 : An everlasting day


Bon, je suis là, sur le trottoir, la jambe pour l'instant, à mon sens, déboitée, et j'ai cette réflexion : "Putain, heureusement que j'étais seul sur ce scooter !"
C'est vrai, après tout, j'aurais pu être avec une passager moins fortuné que moi. Ma douce, ou mon meilleur pote. Une fois cette considération faite, je reprend un peu le sens de la réalité et répond à ce type qui devait un samaritain pour au moins 30 minutes, le temps que les pompiers arrivent.
Un type sympa. Vraiment. En même temps, c'est quand même normal, à mon sens, de porter secours à quelqu'un qui vient tout juste d'être accidenté. Qu'importe, je n'apprécie pas moins son aide. J'aurai du le souvenir de son nom, j'aurais bien aimé lui écrire un petit mot, dans quelques temps.
Je lui demande de m'aider à rassembler mes gants, que j'ai enlevé, et mes lunettes de soleil qui son tombées. Je les range dans mon sac, tant bien que mal, en me demandant si ça vaut me coup de me boire une gorgée de Cherry Coke (non, ce n'était pas un accident sponsorisé), parce que je vais sans doute avoir envie de pisser après, et que ça ne vaut pas être pratique. Je m'improvise un oreiller avec mon sac.

Je demande à mon samaritain de couper le contact de mon scooter, mais de toute façon, ce dernier s'est arrêté depuis quelques temps déjà. Au moins pour récupérer mes clefs. Je les mets dans ma poche, bien que la taille du trousseau ne soi pas des plus confortables. Un individu étrange s'approche, ayant sans doute vu tout la scène de loin. Un djeun, sans doute de banlieue. Un peu le cliché de la caillera. Pull rayé, lunette de soleil style aviateur, et air un peu trop vague pour être complètement avenant. Bêtement, je pense immédiatement le voir partir avec mon scooter, et sans scrupules. Je me trompe. Il se contente de le remettre sur roues. Je le remercie, d'un air entendu "merci, mais vous pouvez y aller hein". En fait, il ne me rassure pas des masses.

Les pompiers arrivent. Après quelques échanges des banalités, je veux avoir la réponse à ma question : Est-ce que je ne pourrais pas avoir de quoi souffrir nettement moins. Parce que le technique de respiration de la femme enceinte, c'est bien, mais j'ai quand même bien mal. Nome, je n'aurais rien. Il ne peuvent rien me donner. Ils me posent des questions pour savoir si je n'ai pas mal ailleurs, si j'ai encore tous les esprits, et me coupent les lacets de ma chaussure gauche puis la jambe de ma jean. Du même côté, heureusement. Accessoirement, ils demande à celui qui deviendra "l'individu louche" d'aller voir ailleurs. Il pense qu'il n'y sera pas mieux, du haut de son arrogance de jeune de banlieue. Blah !

On me met une attelle conflable, qui me serre comme un étau, jusqu'à ce que je n'en peuvent plus. On prend quelques précautions pour me mettre sur le brancard, puis on me let dans le camion de pompier. On ne partira pas tout de suite. On doit attendre les flics, parce que c'est un accident. Mais ça devrait être rapidement. Ben j'espère bien hein, parce que ça n'est pas que je les déteste, mais je pourrais aussi bien les voir les tard. Ils arrivent, je leur explique la situation, un de pompiers, après que je lui ai passé les clefs, va accrocher mon scooter. Les policiers repartent. Nous allons en faire autant, vers le Kremlin Bicetre. La route est à peu près fluide, à quelques secousses près. Je papote avec le pompier qui me surveille. Je lui dit qu'il fait un chouette métier, sacrément utile, et sacrément mal considéré dans les banlieues et pour leur absence de prime de risque, etc. Ça le fait rire. Jaune, j'imagine. Mais c'est sans doute aussi parce qu'il n'a pas du choisir cette profession pour ces raisons. Puis de toutes façons, et je le savais, les interventions sur les incendies ne représentent que très peu de leur sorties. Le KB est mal fichu, et l'on brinquebale un peu trop pour ma nouvelle sensibilité : AÏE !, gnnnn ! , pourquoi mettre des dos d'ânes à l'entrée des urgences du KB ?

On sort mon brancard. J'entends une voix de femme qui crie au loin. Peut-être que je vais me sentir mieux en relativisant, après tout, me voici aux urgences.
La femme ne semble pas être blessée, mais doit avoir extrêmement peur. Mais je ne sais pas de quoi.

Je suis vivant, conscient, et j'ai même tout mon cynisme. Bref, je me doute bien que je vais attendre encore longtemps. Je commence à dire que l'eferalgan, ça ne me fait pas grand chose, des fois qu'il eu été dans leur intention de m'en donner, pour apaiser mon mal. J'aurais de l'acupan. Au gout infâme, mais ça, franchement, je m'en fout. Puis je dis au revoir aux pompiers, et je suis dans un couloir. Je m'y attendais un peu. Un infirmière me dit de la prévenir si j'ai de nouveau mal. Je lui dit que je n'hésiterais pas. Et j'attends.

C'est la réalité que l'on voit dans les reportages à la tv : On est contre un mur, sur un lit, on a plus ou moins mal, et on attend, de savoir. Savoir ce que l'on va devenir, parce qu'à moins de travailler en milieu hospitalier, on a normalement aucune idée de ce qu'il va se passer.

Donc j'ai attendu.

À suivre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Games backlog